Infinity

 Il y a 17, 18, 19, 22, 25, 30 ans... ; vous avez débarqué dans cet endroit que l'on appelle la Terre. Terre sur laquelle des milliards de gens se bousculent les uns les autres pour parvenir à leur fin, pour se lamenter, pour trouver le bonheur. Vous avez des souvenirs de votre enfance, de vos vêtements ringards et usés, ou non. Qu'importe. Vous savez que vous avez fêté autant d'anniversaires que vous avez vécu d'années sur cette chère planète. Celui de l'an dernier est sûrement encore bien en votre mémoire. Celui de l'an précédent un peu moins déjà. Et ensuite ? Mis à part peut être quelques exceptions dues à des évènements marquants, vous souvenez-vous de vos anniversaires ? Tous ? Non, n'est-ce pas... Maintenant vous pouvez vous rendre compte. Vous rendre compte à quel point le temps file sans vous laisser l'occasion de vous en apercevoir. Si vous êtes une personne comme moi, vous vous direz maintenant que nous ne contrôlons pas grand chose.
 

Et bien c'est vrai. C'est cela, la vérité. 

La Terre se situe dans le système solaire et tourne sur elle-même autour du Soleil en 365 jours, soit une année. Ce système solaire se situe lui même dans l'espace, soit selon la définition, une zone relativement vide de l'Univers, au-delà des atmosphères des corps célestes. L’Univers étant décrit comme un espace sans fin, sans limites. Concrètement ce n'est donc plus réellement un espace, étant donné qu'il ne connait aucune limite... Une seule chose est certaine : le temps est semblable à cet univers infini. Vous pensez -et tout le monde pense à tort- que le jour de votre mort, le temps s'arrête. C'est faux. Votre temps s'arrête. Le concret disparaît, le réel s'en va. Votre temps trouve refuge dans le cœur et dans l'esprit des gens que vous avez aimés et qui vous ont aimé en retour. C'est une théorie. Tout comme celle de l'univers infini. Quoi qu'il en soit, le temps est tout à la fois : vide, plein, rapide, lent, important, inintéressant, profond et inutile. Quand vous pensez enfin lui échapper, il vous submerge et n'a qu'une seule idée en tête : rattraper son retard. Chaque seconde qui passe, chaque minute : c'est votre vie, votre existence. Et quand vous y pensez, quand cette idée hurle en vous, vous vous sentez piégé. Chaque seconde est perdue, anéantie. Encore une. Et hop, encore une. Vous n'arrivez plus à réfléchir et vous sombrez dans le délire. Le temps ne pardonne pas. Le temps n'attend pas. Il court. Vous pouvez vous doper, fermer les yeux, penser à autre chose ; la réalité est celle-ci : le temps gagnera la course. Mais sachez que dans ce genre de combats, nous n'avons pas besoin d'amis. Mais de concurrents. Car ce sont eux qui nous aident à nous surpasser et à faire de notre mieux. Alors souvenez vous que le temps n'est pas votre ami, mais votre ennemi. Gardez-le en tête. Et même si ce n'est qu'illusion, surpassez-le. Vous finirez au moins en vous disant que vous avez réussi à courir jusqu'au bout avec fierté. Évidemment, parfois, le temps nous effraie tellement qu'il est difficile d'oser continuer la course ; tellement la défaite nous semble évidente. Avez-vous déjà imaginé ce que sera votre vie quand vous serez vieux ? Quand vous ne pourrez même plus marcher d'une pièce à une autre ? Moi oui... Et c'est effrayant. Très effrayant. Ça ma trotte dans la tête, encore et toujours. La peur de me dire ce jour là que je n'ai pas fait de ma vie ce que j'aurais réellement voulu en faire. Ce jour là je repenserai, NOUS repenserons à ces jours passés où nous arrivions encore à sourire, à passer de beaux moments. Et nous devrons nous rendre à l'évidence ; l'atroce évidence qui nous hurle qu'à présent nous sommes seuls. L'évidence est le résultat du concours, le résultat de la course : nous avons perdu. Nous avons été écrasés sans pitié. Nous menons tous une vie différente, mais au final, nous ne serons plus des blancs, des noirs, des jaunes, des pauvres, ou des riches. Nous serons des cendres. Du néant. Du vide. De l'espace. De l'infini ? Ce qui est vraiment dommage c'est de ne s'en rendre compte seulement une fois que la fin est proche. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Ça, je ne sais pas... Je pense qu'il vaut mieux ne jamais s'apercevoir de notre fatale erreur plutôt que de s'en rendre compte et de se dire dans notre dernier souffle que nous avons tout gâché. Car c'est une fin atroce, n'est-ce pas ? Il faut l'admettre. Pourtant c'est une fatalité. Enfin, sauf si...


Sauf si vous vous réveillez enfin. Vous devez savoir que nous aurons tous forcément des regrets à l'approche de l'âge, nous aurons tous à redire sur notre passé. Mais il est aussi possible de se dire qu'on a fait ce qu'on a pu pour gagner la course même si la victoire était inaccessible. Oui, il est possible de se dire que l'important aura été de (bien) participer. C'est cliché, mais c'est une réalité. Il est préférable de finir second que de ne pas avoir participé par peur de perdre. Alors prenez votre courage à deux mains, et faites d'une pierre deux coups : apprivoisez le temps et n'oubliez pas de mettre un pied devant l'autre pour courir. Souvenez-vous surtout que la force, ce n'est pas de ne jamais tomber, mais plutôt de réussir à se relever. Ça me fait peur de me dire que la vie se résume à si peu de choses. Mais c'est comme ça. Une vie, puis une autre, et encore une autre. Toutes commenceront et se termineront de la même façon quel que soit le chemin emprunté par la personne qui a vécu. C'est un cercle. C'est une boucle. C'est sans fin, sans limites.
 
C'est l'infini.
 
17, 18, 19, 22, 25, 30 years ago...; you have landed in this place called Earth. Earth on which billions of people push against each other to achieve their end, to lament, to find happiness. You have memories of your childhood, of your old and worn clothes, or not. Whatever. You know that you have celebrated as many birthdays as you have lived years on this dear planet. Last year's is surely still in your memory. The one from the previous year a little less already. After that? Aside from perhaps a few exceptions due to significant events, do you remember your birthdays? All? No, is not it... Now you can see. Realize how time flies without giving you the chance to notice it. If you are a person like me, you will now think that we do not control much.
 
Well, it is true. That is the truth.

The Earth is located in the solar system and revolves around the Sun in 365 days, or one year. This solar system is itself located in space, or according to the definition, a relatively empty area of the Universe, beyond the atmospheres of celestial bodies. The Universe being described as an endless space, without limits. Concretely, it is no longer really a space, given that it knows no limits... Only one thing is certain: time is similar to this infinite universe. You think - and everyone wrongly thinks - that the day you die, time stops. It is wrong. Your time stops. The concrete disappears, the real goes away. Your time finds refuge in the hearts and minds of the people you have loved and who have loved you in return. It is a theory. Just like that of the infinite universe. Either way, time is everything at once: empty, full, fast, slow, important, uninteresting, deep and useless. When you finally think about escaping from him, he overwhelms you and has only one idea in mind: catching up. Every second that passes, every minute: it is your life, your existence. And when you think about it, when this idea screams inside you, you feel trapped. Every second is lost, wiped out. One more. And there you go, one more. You can no longer think and you sink into delirium. Time does not forgive. Time does not wait. He is running. You can take drugs, close your eyes, think about something else; the reality is this: time will win the race. But know that in this kind of fight, we do not need friends, but competitors. Because they are the ones who help us to surpass ourselves and do our best. So remember that time is not your friend, but your enemy. Keep it in mind. And even if it is just an illusion, overcome it. At least you will end up telling yourself that you managed to run to the end with pride. Obviously, sometimes the weather scares us so much that it is difficult to dare to continue the race; the defeat seems so obvious to us. Have you ever imagined what your life will be like when you are old? When you can not even walk from one room to another? I do... And it is scary. Very scary. It keeps running through my head again and again. The fear of telling myself that day that I have not done with my life what I really wanted to do with it. That day I will think back, WE will think back to those days gone by when we were still able to smile, to have beautiful moments. And we will have to face the facts; the horrible evidence that screams to us that we are now alone. The obvious is the result of the contest, the result of the race: we lost. We were crushed mercilessly. We all lead different lives, but in the end, we will no longer be white, black, yellow, poor, or rich. We will be ashes. Nothingness. Emptiness. Space. Infinity? What is really a shame is that you only realize it once the end is near. Better late than never, they say. That, I do not know... I think it is better to never realize our fatal mistake rather than realizing it and telling ourselves with our last breath that we have ruined everything. Because it is a terrible ending, is not it? You have to admit it. Yet it is an inevitability. Well, unless...

Unless you finally wake up. You must know that we will all inevitably have regrets as we approach age, we will all have things to say about our past. But it is also possible to say to ourselves that we did what we could to win the race even if victory was unattainable. Yes, it is possible to say that the important thing was to participate (well). It is cliché, but it is a reality. It is better to finish second than not to have participated for fear of losing. So take your courage, and kill two birds with one stone: tame the weather and do not forget to put one foot in front of the other when running. Above all, remember that strength is not in never falling, but rather in succeeding in getting up again. It scares me to think that life comes down to so few things. But it is like that. One life, then another, and another. All will begin and end the same regardless of the path taken by the person who lived. That is a circle. It is a loop. It is endless, limitless.

That is infinity.